Histoire de Moyon

Moyon petite bourgade paisible fut autrefois une importante baronnie et possède de ce fait une histoire des plus intéressantes.

Le nom de «Moyon » d 'origine celtique ou pré-celtique nous laisse penser qu'un village existait déjà à cet endroit à l' époque gauloise. Plus tard,on retrouve Moyon comme faisant partie des biens appartenant à Guillaume le Conquérant,duc de Normandie, sous le nom de « Cour de Moyon ». Celui-ci l' érigea en baronnie et la donna à un de ses fidèles compagnons en remerciement de son soutien pour asseoir son pouvoir en Normandie en 1047. Il prit le titre de Baron Guillaume I de Moyon.

Outre Moyon,la seigneurie s' étendait alors aux actuelles communes de Tessy sur Vire, Beaucoudray, Villebeaudon, La Haye Bellefond, Le Mesnil Herman, Le Mesnil Opac soit une superficie de 6000 hectares contre 2374 aujourd'hui. Ces bourgs formaient des postes frontières, soit au sommet d'une colline, sur un plateau ou encore en bordure de rivière, Moyon étant au centre de ce dispositif de défense naturelle.

Un bois de 400 hectares venait compléter l' ensemble. Elle possédait également sa propre mesure, un Office Royal des Poids et Mesures, c'était une Franche Bourgeoisie avec certaines franchises et libertés, un Baillage (juridiction représentant le roi ou le seigneur ,le bailli est un officier remplissant des fonctions judiciaires, militaires, financières au nom du seigneur avant le 12e siècle, du roi jusqu'en 1789) avec Haute, Moyenne et Basse Justice. Il y avait Sergenterie (administré par le sergent, officier de justice analogue à nos huissiers), Prévosté (administré par le prévost, officier représentant l'autorité du roi, du seigneur , sous ce nom on en est venu à désigné divers officiers qui assurent l'intendance d'un domaine pour l'administration, les finances ,la justice et l'ordre public. Pour Moyon on peut penser qu'il s agit d'un officier de gendarmerie placer sous l'autorité du bailli) et Tabellionnage (notaire) et devait au Roi le service de onze Chevaliers.

Lors de la conquête de l' Angleterre par les Normands en 1066, Guillaume de Moyon s'étant particulièrement illustré, reçut les Comtés du Dorset et Somerset. Dans ce dernier, un château fut érigé à Dunster, face à la mer, et devint le siège de ses terres en Angleterre.

Son fils aîné lui succède sous le nom de Guillaume II ,puis Guillaume III, Guillaume IV et enfin Renaud I.

A l' annexion de la Normandie par la France en 1204, ce dernier, mis en demeure de choisir entre le Roi de France et le Roi d' Angleterre, renonça à ses biens en Normandie. Ceux-ci étant confisqués, il s' installa définitivement en Angleterre où ses descendants eurent un rôle important dans le pays. La lignée directe s'est éteinte en 1404 mais on trouve des descendants des branches cadettes en Angleterre et aux Etats Unis.

 

C'est donc en 1204 que la Baronnie de Moyon revint à la Couronne de France qui la donna à son Sénéchal en Normandie, Guérin de Glapion pour le remercier de ses bons services dans la reddition de la Normandie. La donation était faite la vie durant du Sénéchal, aussi en 1220 on la retrouve au mains du Roi de France. En 1233 Saint Louis échange avec Henri d'Avaugour Moyon contre Pontorson, point stratégique important. Son fils, Alain d'Avaugour, vend Moyon à Agnés, veuve d' Olivier Paisnel.

Après presque un demi siècle d' incertitude la Baronnie de Moyon se retrouve par le jeu des successions dans les familles suivantes: les Paisnel puis les d'Estouteville puis les Matignon et enfin, les Grimaldi.

 

Quelques mots sur ces familles.

Les Paisnel, illustre famille anglo-normande avait contrairement aux "de Moyon" prit le parti du Roi de France et ils furent déposséder de leurs biens en Angleterre.

Les d'Estouteville, vieille souche normande qui remonte à la fondation du pays. Ils furent les défenseurs du Mont Saint Michel face au anglais en 1425 à 1434. En 1418, Henri V, roi d'Angleterre, confisque Moyon au profit de William de la Pole, Duc de Suffolk. Les D'Estouteville retrouvent leurs biens à la fin de la Guerre de 100 ans.

Les Matignon, dont l' hôtel éponyme était leur résidence parisienne, étaient également Comte de Thorigny ( orthographe ancienne de "Torigni"), Gouverneur militaire de Cherbourg, Chausey, Granville...Lieutenant Général de Normandie, Baron de Saint-Lô et bien évidemment Moyon.

Les Grimaldi, Princes de Monaco, par mariage de Jacques de Matignon avec Louise Hyppolite Grimaldi, seule héritière de Monaco. Ce fut la première signature du petit Louis xv et du Régent, pour l' approbation du mariage en 1715. Leur fils Honoré III de Monaco qui vécut au château de Thorigny où il élevait des chevaux, fut dépossédé de ses biens, dont Moyon, lors de la révolution française. Cependant, le titre resta à la famille princière, le Prince Albert II de Monaco est l' actuel Baron de Moyon.

De ce passé historique, Moyon n'a conservé que peu de vestiges. Seul subsiste la base du clocher datant du XIIIème siècle, le mobilier et les statues de l' église du XVII et XVIIIème siècle (une partie sont des reproductions de très bonne qualité), ainsi que les vitraux du chœur qui sont armoriés. L' ensemble de l' église fut fortement remanié au XIX et XXème siècle (nef et chœur).

On peut voir encore quelques fermes de caractères(fièf) des XV et XVIème qui appartenaient au château. Le château féodal fut détruit pendant la guerre de cent ans (début XIV ), il est encore possible de voir la motte et les douves. Le manoir qui le remplaça, fut détruit peu après la révolution française. Il possédait, chapelle et colombier.

Lors de la seconde guerre mondiale, le bourg , l'église subirent de grosses destructions. Elles sont dût à la libération de Moyon au cours de l'offensive en direction de Vire. Selon des témoignages recueillis auprès de vétérans, cette libération fut effectuée entre le 28 juillet et le 1 août 1944. Le premier engagement eu lieu les deux premiers jours en direction du bourg par le 22ème RI détaché de la 4ème Division d'infanterie et le 66ème RB. Ils subirent de lourdes pertes avant d'atteindre le bourg où ils furent relevés par le 116ème RI de la 29ème DI. Le 22ème RI pris la direction de la route de Saint-Lô/Villedieu en passant par le carrefour Paris (la Denisière), pour y rejoindre le 115ème et le 175ème RI, le 227ème d'artillerie de la 29ème DI. L'attaque finale se déroula à l'aube du 1er août 1944. Il est probable que le 743ème char contribua à ces journées de bataille. Nous ignorons à ce jour les autres unités.

A l' image de son important passé , Moyon s'est relevé de ses ruines et son dynamisme est reconnu.

Implanté en milieu rural, l' élevage laitier a depuis longtemps rythmé la vie de tous les jours. Autrefois de nombreuses fermes occupaient le territoire. Devenues moins nombreuses, elles sont cependant importantes et bien structurées. La coopération agricole est multiple, un centre de collecte de lait et une laiterie industrielle avec tour de séchage compose se nouveau paysage rural.

Les artisans occupent deux espaces d'activités tournés vers l' agroalimentaire et le bâtiment. Un large éventail de commerces de proximité assure les services de bases.

Un médecin , une infirmière demeurant sur place, un podologue et une kinésithérapeute forment une bonne structure de soin. La présence d' une maison d'accueil pour personnes âgées rend possible le maintien dans la commune de nos anciens.

Malgré la diminution considérable des agriculteurs entraînant une modification du caractère de la commune, Moyon agrandit son bourg par de nouvelles habitations pour accueillir les habitants.

Terrains de sports, de tennis, de boules, salle des fêtes, sentiers pédestres, bibliothèque, salle informatique, associations sportives culturelles et de loisirs contribues à l' animation de Moyon.

Depuis le 1er janvier 2016, Moyon constitue avec Chevry et le Mesnil Opac la commune nouvelle de Moyon Villages.

Habitée de 1150 habitants, Moyon est un endroit bien agréable à vivre et à découvrir !